jeudi 15 mars 2012

[21septembre] [LDH-infos-associations] COMMUNIQUE DE PRESSE - Plus de 60 jours de grève de la faim pour 22 migrants: « Nous sommes des personnes, pas des animaux»

 

LIGUE DES DROITS DE L’HOMME

COMMUNIQUE DE PRESSE – 15 MARS 2012

Plus de 60 jours de grève de la faim pour 22 migrants
« Nous sommes des personnes, pas des animaux»

 

La Ligue des droits de l’Homme s’alarme de la situation préoccupante dans laquelle se trouvent aujourd’hui 22 personnes, originaires du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest. Depuis 62 jours, ils ont pris la décision de ne plus d’alimenter. Ils occupent une maison de la VUB, située au 26, boulevard du Triomphe.

Comme tant d’autres, ces 22 personnes sont à bout de force. Vivant dans l’ombre depuis des années, certains depuis 2003, elles implorent aujourd’hui les autorités de leur reconnaître le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.

Les grévistes de la faim demandent que leur soit reconnu l’accès au marché du travail légal afin d’être à même de subvenir à leurs besoins et, enfin, de sortir de la précarité.

Ne recevant aucune réponse des autorités, l’un d’eux, Jamal, a décidé de se coudre la bouche. Il explique son geste dans une lettre : « Je suis Jamal. J’ai 20 ans. Nous sommes au 60ème jour de grève de la faim et toujours aucune réponse des autorités à notre revendication. Nous sommes 22 êtres humains qui souffrent et toujours qui continuent à souffrir. Je pense que c’est injuste, cause pour laquelle j’ai décidé de coudre ma bouche. (…) Je fais la grève de la faim parce que j’ai essayé  toutes les procédures pour avoir les papiers. Je ne peux vivre sans droits. Je veux une vie normale, comme toutes les personnes. Nous sommes des personnes, pas des animaux. »

La Ligue des droits de l’Homme ne soutient pas le recours à la grève de la faim ou à l’automutilation. Par contre, elle soutient le combat légitime de toute personne pour une politique migratoire juste, viable et humaine, respectueuse des droits fondamentaux de tous. L’absence d’une telle politique a des conséquences et risque aujourd’hui de coûter des vies humaines.

Il est de notre responsabilité à tous de nous demander à qui profite le travail des sans-papiers qui, pour survivre, n’ont pas d’autre alternative que de travailler au noir, à la merci d’employeurs peu scrupuleux désireux de réduire leurs coûts de production au maximum. Une politique cohérente de régularisation par le travail est indispensable. Elle ne serait en outre pas coûteuse pour notre économie[1].

La présence sur le territoire belge de ces 22 personnes en grève de la faim les place sous la responsabilité des autorités belges. La Ligue des droits de l’Homme enjoint les autorités à considérer leurs situations de toute urgence et avec humanité.



[1] A ce sujet, voir D. De la Croix, F. Docquier, B. Van der Linden, « Effets économiques d’une régularisation des sans-papiers en Belgique », Regards croisés, septembre 2009, n°72, http://sites.uclouvain.be/econ/Regards/Archives/RE072.pdf