jeudi 30 octobre 2008

[21septembre] Ligue des droits de l'Homme - COMMUNIQUE DE PRESSE - Saturation des centres d'accueil: il est urgent de ne pas attendre

LIGUE DES DROITS DE L’HOMME asbl

Communiqué de Presse - 30 OCTOBRE 2008

Saturation des centres d'accueil:
il est urgent de ne pas attendre

La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a observé avec attention le mécontentement manifesté par les employés de Fedasil qui ont entamé cette semaine une action de protestation. La LDH s’inquiète avec eux de la saturation du réseau des centres d’accueil pour demandeurs d’asile. Cette saturation qui se profile depuis plusieurs mois conduit aujourd’hui Fedasil à orienter des personnes vers des structures prévues pour les personnes sans abri.

 

A court terme, l'urgence est évidente. Sur le terrain, Fedasil est débordé (certains centres d'accueil sont à 130% de leur capacité) et ce débordement, qui menace de devenir structurel, crée une situation de concurrence malsaine entre des sans-abri et des demandeurs d'asile, deux populations qui ont tout autant l'une que l'autre besoin d'aide. Aux portes de l'hiver, la situation est catastrophique et demande une solution d’urgence.

 

A plus long terme, cette situation questionne une nouvelle fois le choix du gouvernement fédéral en matière d'accueil des demandeurs d'asile. En 2001, le gouvernement avait fait le choix de supprimer l'aide sociale financière accordée aux candidats réfugiés, via les CPAS, en la remplaçant par une aide matérielle dispensée par les centres d'accueil. Le gouvernement a l’obligation aujourd’hui d’assumer les conséquences de son choix et de leur assurer un logement décent.

 

Cette obligation est d'autant plus pressante que la Belgique s'est dotée en 2007 d’une nouvelle loi sur l’accueil des demandeurs d’asile en vue de leur octroyer un accueil "de qualité". A peine un an plus tard, elle n’est déjà plus en mesure de le leur offrir... Or, il n'est pas possible d’offrir à ces personnes l’aide sociale et juridique dont elles ont besoin – et à laquelle elles ont droit – lorsqu’elles sont logées dans des structures qui ne sont pas du tout adaptées. Si la situation devait se prolonger, il s’agirait d’un véritable retour en arrière.

 

Il est légitime de s'interroger sur les causes de cette situation. Elles sont connues et multiples : traitement des demandes d’asile moins rapides que la réforme de la procédure d’asile de 2006 le laissait entendre, légère hausse des demandes et absence de la circulaire sur la régularisation qui pourrait contribuer à désengorger partiellement le réseau.

 

Alors que les cris d’alarme se multiplient, de Fedasil et des structures d’accueil pour sans-abri en particulier, l’impression qui domine est que la réponse politique n’est pas à la hauteur. Si la ministre de l’Intégration sociale a récemment annoncé une hausse du budget de Fedasil, cette initiative risque malheureusement d’être insuffisante. Premièrement, il semble que cette augmentation budgétaire était déjà acquise avant la crise et ne sera donc pas entièrement affectée à la résoudre. Ensuite, elle n’interviendra qu’en 2009 alors que la crise est urgente et que les centres ne pourront pas rester en surcapacité d’ici-là. Enfin et surtout, elle ne permettra probablement pas de couvrir les besoins de manière structurelle.

 

La réponse politique n’est actuellement pas suffisante. Même si des réseaux de citoyens se mobilisent pour offrir un toit à des demandeurs d'asile qui se retrouvent à la rue, cette expression de solidarité ponctuelle ne résoudra pas le problème et ne dispense pas le gouvernement d'agir. La Ligue des droits de l’Homme invite ce dernier à prendre la mesure de la crise et à y consacrer autant d’énergie et de célérité qu’il a su le faire lors d’une autre crise récente. Des pistes ont été évoquées pour trouver des structures d’accueil en urgence ou pour proposer un nouveau plan de répartition entre les CPAS. Il est urgent de ne pas attendre 2009 ou la fin de l’hiver.

 

 

 

CONTACTS:

Pierre-Arnaud Perrouty, conseiller juridique: 02/209 62 83