jeudi 18 octobre 2007

[21septembre] Temoinage d'un membre du RESF en France

Bienvenu à sarkoland !

Voici le témoignage de jean-charles qui manifestait contre le centre de rétention de st jacques de la landes, à vous de juger....


 
Samedi 13 octobre
 
Le soleil brille sur Rennes. Nous sommes un peu à la bourre pour nous
rendre au Centre de Rétention Administratif de La Plaine St Jacques en
vue de l'installation d'un campement de protestation. Route coupée, nous
> finissons le parcours à pied. Devant le centre, des tentes "2 secondes"
> sont déjà déployées 350-400 personnes participent au rassemblement. Au
> mégaphone, se succédent des témoignages sur les conditions de vie dans
> le CRA, le quotidien des sans papiers, la réalité des rafles.
>
> A 100 métres de là, se tient le salon de l'habitat. Nous décidons de
> nous y rendre pour tracter, informer les gens, sensibiliser. Le public
> est plutot receptif -excepté les non-concerné-e-s, comme d'habitude
> (quand ils sont venus me chercher, il n'y avait plus personne pour
> protester!) - certain-e-s iront même se rendre compte par eux même de la
> réalité du crime d'êtat. Beaucoup ne savent pas qu'à 100 métres du lieu
> où ils assouvissent leur besoin de consommation, des innocent-e-s sont
> enfermé-e-s, la plupart ignore que des enfants, parfois de l'age des
> leurs, ont des barbelés comme limite à leurs terrains de jeu, beaucoup
> ignore les rafles, les quotas, la politique systématique de la traque et
> de l'enfermement des sans-papiers, le fichage ADN. "Ah bon! et des
> centres de rétention, il en existe dans toute la France ?" s'interroge
> cette personne, visiblement de bonne foi. Au mégaphone, on appelle à
> faire pratiquer des tests ADN sur les enfants, on offre des week-end
> gratuits au club Sarko, on suggere de boucler la France , car pour 6
> milliards de personnes, les 60 millions de français-e-s sont des
> étranger-e-s. L'ambiance est plutot bon enfant. Un groupe de gendarmes
> surveille de loin, je vais discuter avec eux, savoir ce qu'ils en
> pensent. Discussion cordiale, nous sommes chacun dans nos roles.
>
> Fin du salon, nous décidons de bloquer la sortie du parking pour obliger
> les automobilistes à prendre l'autre sortie, celle qui passe devant le
> centre de rétention. Le groupe de gendarmes s'interpose, nous discutons
> avec, et comme, a priori, l'autre sortie est bloquée, nous laissons
> passer les voitures. Dans le flot des automobiles, deux dames, croisées
> précèdemment, sont allées au rassemblement devant le centre de rétention
> et nous remercie de les avoir informées. Plus de voiture, le temps est
> venu de retourner devant les grilles du CRA. Discussion ubuesque sur le
> chemin du retour avec un conducteur de 4x4 qui cherche à faire une
> maison "haute qualité environnementale"
>
> Retour devant le CRA, la nuit commence à tomber. Décision est prise de
> tenir la place jusqu'à l'évacuation. Deux RG sont appuyés sur une
> barriére, j'entame le dialogue pour connaitre les intentions des forces
> de l'ordre, d'autant que des renforts de CRS sont arrivés sur place. Je
> comprends vite, par sous-entendu, que nous ne passerons pas la nuit ici.
> Les breton-ne-s venu-e-s du Finistère en car nous quittent, les rangs
> des manifestants sont plus clairsemés, il doit rester entre 100 et 150
> personnes, isolées de tout, plus aucun média n'est présent. Assi-se-s
> par terre, nous attendons calmement. Aucune violence, aucune agressivité
> dans nos rangs.
>
> Ca bouge du côté du CRA, la nuit est tombée, le premier flot de CRS
> sort, projecteur braqués sur nous. Un cordon sur le côté, un en face.
> Leur mégaphone est en panne, tant pis, il n'y aura pas de sommations.
> Nous sommes toujours assis pacifiquement et sans violence quand ils
> commencent à avancer faisant preuve d'une brutalité dépassant
> l'entendement. J'ai appris, par hasard, qu'il y avait un match de rugby
> ce soir, certainement ne veulent ils pas le louper.
>
> Assis par terre, j'attends. Les CRS continuent leur répression féroce et
> bientot mon regard ne peut plus se porter que sur des boucliers ou des
> rangers. "Dégage" vociférent ils. Je ne réponds pas à leur injonction
> alors, rapidement je me sens agrippé par une puis deux puis trois mains
> - ils seront jusqu'à 8 pour déplacer mes 75 kg . Je ne touche plus terre,
> suis amené une trentaine de mêtres plus loin, remis sur pied. La gazeuse
> à bout touchant, directement dans les yeux, le bruit "pschiii", la
> brulure est immédiate, 5 secondes?, 10 secondes? vont ils la vider sur
> moi? et les premiers coups pleuvent. J'arrive aveuglé à me retirer,
> gagner 5 à10 mêtres pour rejoindre la foule hébétée mais toujours
> pacifique et non violente des autres manifestant-e-s, éviter la BAC ,
> cachée derrière un abribus . Ma progression est plus lente, toujours
> aveuglé que je suis. "Celui là, il nous a fait chier" entends je
> derrière moi, bruit des rangers qui accélèrent, le premier coup de
> matraque est amorti par mon sac à dos. Ils sont trois autour de moi, à
> faire pleuvoir leur matraque, acharnement sur les genoux, par devant,
> par derrière, sur les épaules, les bras. "Ta gueule, avance" est la
> seule réponse à mes tentatives pour les raisonner. La violence des
> coups, la hargne et l'agressivité dégagée ne laissent aucun doute sur
> leur volonté de faire mal, puis ils me lachent, une autre proie sans
> doute. Retention, gaz, violence arbitraire, le parfum de Vichy se mêle à
> celui du lacrymo.
>
> On se cherche, on se retrouve. Emelie, gazée largement aussi (ses
> vétements sont imbibés de gaz), matraquée, tabassée, a pris un sale coup
> sur la main - elle ira dimanche à l'hopital-, Mathias lui a gouté aux
> rangers, nombre d'entre nous portons les séquelles de
> l'ultra-violence policière. Pas de collyre, ces vieux réflexes m'ont
> quittés et je m'en veux. Une jeune femme, équipée, me nettoie les yeux,
> je ne suis pas le seul à demander ses services. Les brulures du visage,
> du cou continuent, la douleur des coups reçus commence à se faire sentir
> mais il ne faut pas s'arrêter, la meute de CRS toujours à nos trousses a
> accèleré la cadence -l'heure du match doit approcher-, nous continuons
> à évacuer toujours sans violence, sans bousculade. Des refrains
> "antiflics" fusent, des slogans "Pétain-reviens-t'as oublié tes chiens"
> sont scandés, Moi, "Hexagone" me trotte dans la tête " les matraqueurs
> assermentés qui fignolèrerent leur besogne". La poursuite s'arrête dans
> le centre ville de St Jacques de la Lande , La BAC croisée ultérieurement
> veille. Fin de l'évacuation.
>
> Ils nous faut récupérer les voitures, nous devons être à 4 km du lieu où
> elles sont garées, la ballade a duré longtemps. trajet à marcher le long
> de la 4 voie. J'ai connu plus sécuritaire comme itinéraire.
>
> Retour à Rennes, la douche et les brulures inhérentes au gaz, état des
> corps. Vague coup d'oeil dans le miroir ,pas beau à voir,mais eux
> peuvent ils se regarder dans un miroir. La main d'Emelie a doublé de
> volume, elle ne peut pratiquement plus s'en servir, mon genou aussi a
> sérieusement enflé. Les hématomes apparaissent, "Ah là aussi, ils ont
> cogné" c'est bien des dizaines de coup de matraque que nous avons reçus.
> On verra ça demain après une nuit de sommeil. Ce soir, des innocent-e-s,
> hommes, femmes, enfants dormiront encore derrière des barbelés, mais
> eux, comment peuvent ils trouver le sommeil, vivre normalement après
> tant d'ignominie.
>
> Dimanche 14 octobre
> Retour vers les Landes. Le sac à dos ravive la douleur de mon épaule
> endolorie, la marche vers la gare me rappelle l'acharnement sur les
> genoux, dont l'un a encore enflé.
> Dans le train, je me remémore les événements de la veille, processus de
> pensée. Oui, je continuerai à diffuser la culture de la non-violence,
> car me changer, changer mon ame, faire pousser en moi la haine serait
> leur victoire. Oui, je continuerai à lutter de façon pacifique et
> non-violente contre leurs lois iniques et racistes, car jamais je ne
> légitimerai leur violence. Envie de pleurer, mais ça n'a plus rien à
> voir avec les gaz. Savoir que j'ai laissé derrière moi, impuissant, des
> êtres humains enfermé-e-s, me demander comment d'autres êtres humains
> peuvent faire preuve d'autant d'inhumanité, de violence gratuite, de
> haine froide.
>
> Nous avons attaqué le tabou des tabou, ce dont on ne parle jamais dans
> les médias, ce qu'on veut taire, passer sous silence, la main tendue à
> l'extrème droite, le visage fascisant de la France d'après. Cela doit
> etre impardonnable dans la France sarkozyste pour mettre autant de zéle
> à vouloir nous faire taire.
>
> Samedi prochain, manifestation nationale dans les villes de France, pour
> les sans papiers, pour que la solidarité ne soit pas un délit. J'y
> serai, à Bordeaux, ne pas oublier le collyre.
>
>
 
aujourd'hui, j'ai un bras platré jusqu'à l'épaule,une itt de 30 jours, jean-charles a le corps quasi entièrement recouvert d'hématomes.
j'envisage de porter plainte, nous sommes millitants, pas délinquants!
si vous connaissez des personnes qui étaient présentes samedi derniers lors de la manif', merci de nous mettre en contact, besoin de recueillir des témoignages pour dresser un dossier sérieux.
halte à la criminalisation des militants! soyons nombreux et solidaires pour les rassemblements du 20 octobre.
 pour connaitre les lieux et l'heure dans votre ville:
http://www.contreimmigrationjetable.org/


C.R.E.R. – Bruxelles : INFO  -  http://regularisation.canalblog.com/
Tél : 0496 40 33 09 - 0473 62 87 33
 
Manifestation du 1 mai : http://1maimanif.canalblog.com/
 
Soutien a la CRER au N° Triodos  :  523 - 0801898 - 74


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